Ma fille avait une baby-sitter qui s'occupait d'elle quelques heures par semaine, ce qui me permettait d'écrire. Pendant ce temps concentré, ils ne faisaient rien d'autre que des jeux de rôle.
Ils ont joué aux médecins, avec un flot ininterrompu de peluches en guise de patients. Ils ont créé un bureau de poste avec des dizaines de lettres et un système de livraison élaboré. Ils ont joué aux magasins et aux vétérinaires, et ma fille n'a jamais cessé de trouver des idées amusantes pour jouer avec son imagination. La baby-sitter, âgée d'une vingtaine d'années, était amusante et enjouée et semblait toujours heureuse et enthousiaste de suivre les dernières idées de ma fille.
En tant qu'instructrice parentale, je connais bien l'importance du jeu pour le bien-être des enfants. Je sais aussi qu'en plus de jouer avec d'autres enfants, ils ont besoin que nous nous mettions en relation avec eux.
Dans son livre "Parenting from the Inside Out", le Dr Daniel Siegal explique comment les enfants créent des "rencontres significatives" avec les personnes qui s'occupent d'eux afin d'intérioriser le sentiment que nous sommes une "base sûre" qui leur permettra de sortir et d'explorer le monde en grandissant. Ces rencontres sont essentielles au bon développement du cerveau.
Jouer avec nos enfants et interagir avec eux sur les "petites choses" est un moyen essentiel de leur faire savoir que nous sommes là s'ils ont besoin de nous parler des grandes choses.
Mais contrairement à la baby-sitter, il ne m'est pas toujours facile de rassembler l'énergie nécessaire pour jouer avec ma fille pendant des heures. La vie s'en mêle souvent. Nous nous dépêchons d'emmener nos enfants plus âgés à l'école, nous nous rendons nous-mêmes au travail, ou nous avons des tâches ménagères et de la cuisine à faire.
Récemment, les choses ont été particulièrement difficiles lorsqu'on a diagnostiqué une leucémie chez ma sœur. Il m'était difficile de trouver de l'enthousiasme pour jouer, tant ma sœur me faisait de la peine. Je lui rendais visite une fois par mois, ce qui signifiait voyager dans un autre pays sans ma fille pendant plusieurs jours. J'essayais de l'emmener avec moi chaque fois que je le pouvais, mais les enfants de moins de 12 ans n'étaient pas autorisés à entrer dans le service de l'hôpital. Nous avons donc passé de nombreux jours séparées.
J'ai ensuite fait un don de cellules souches pour que ma sœur puisse bénéficier d'une greffe. Pendant une semaine, j'ai dû prendre un médicament qui stimulait mon corps à produire plus de cellules souches. Ce médicament m'a donné des symptômes semblables à ceux de la grippe, ce qui m'a laissé peu d'énergie pour jouer ou communiquer, et l'épuisement a duré deux semaines.
Lorsque j'ai retrouvé mon énergie, j'ai eu du mal à réintégrer le jeu dans notre vie. Au début, ma fille préférait jouer avec son père, et il a fallu du temps avant qu'elle ne veuille à nouveau jouer avec moi.
Parce que nous avions traversé une période où nous n'étions plus aussi proches, j'ai senti que je devais faire quelque chose d'important pour nous réunir à nouveau. Dans un mois environ, je me rendrais à nouveau à l'hôpital et je voulais m'assurer que cela ne perturberait pas trop notre intimité.
Un jour, j'ai programmé une heure et nous avons joué ensemble sans interruption. C'est quelque chose que j'avais déjà fait dans le passé, de temps en temps, mais j'ai décidé de le faire tous les jours, aussi longtemps que je le pourrais. Nous avons joué dans des hôpitaux, des hôtels et des restaurants. Nous avons servi des repas, accueilli des invités et soigné des patients malades. Ce n'était pas toujours facile, mais ça l'est devenu lorsque j'ai canalisé l'acteur qui sommeillait en moi et que j'ai commencé à partager la joie de ma fille.
Ces heures intenses de jeu ont changé ma façon d'être parent. Voici quelques-unes des choses que j'ai apprises :
Pour faire ce que nos enfants aiment, nous devons nous-mêmes être dans un bon état d'esprit. Je sais que ma fille sent quand je fais semblant ou que je ne suis pas vraiment d'humeur à jouer. Ces séances de jeu intenses devaient donc être équilibrées par du temps consacré à ce que j'aimais. Prendre un bain relaxant, écrire et trouver d'autres moyens de répondre à mes besoins figuraient en tête de ma liste de choses à faire.
Lorsque j'ai commencé à essayer de jouer avec ma fille après mon absence, elle n'était pas intéressée. Elle était en colère contre moi et préférait jouer avec son père. Au début, j'ai dû rester dans les parages et la laisser croire que j'étais vraiment disponible. Cela a pris du temps, mais pas autant que je le craignais.
Je pourrais remplir un livre entier avec toutes les pensées et les sentiments négatifs que j'éprouve parfois en jouant avec ma fille. Je pourrais en remplir un autre avec tous les sentiments positifs de joie et de connexion profonde.
Ce que j'ai remarqué avec le temps, c'est que tous ces sentiments passent. Parfois, je ressentais un ennui intense ou une envie désespérée de me cacher et de consulter mon téléphone. Mais chaque sentiment passait, et bientôt nous riions à nouveau ensemble de quelque chose.
Lorsque je me sentais fatiguée ou rancunière, je prenais le temps d'observer mon corps et ma respiration. Ces moments de pleine conscience m'ont permis de faire le plein d'énergie et de me rappeler que j'avais de la chance.
Dans notre vie trépidante, une heure représente un gros investissement en temps, mais ce temps nous est rendu de bien des façons. Les enfants bien connectés ont tendance à être plus coopératifs, de sorte que sortir de la maison ou aller au lit se passe souvent plus facilement si vous avez passé du temps avec vos enfants.
Jouer avec nos enfants peut ressembler à du travail. Mais plus nous le faisons, plus nous nous éloignons de nos vies occupées et toujours en train de faire, et plus nous entrons dans l'état joyeux d'être simplement avec nos enfants.
Le temps passe vite. La vie se met en travers du chemin. Les enfants se détachent de leurs parents. Les adolescents s'éloignent. Cette expérience m'a appris que passer du temps avec nos enfants, c'est prendre soin d'eux, et que cette attention nous aide à maintenir nos relations plus longtemps.
ParentCo.
Auteur